
En Marge de Goëmons
Espace Keraudy (Plougonvelin)
Afficher le planQuelle musique pour ces images de “En marge de Goëmons » ? Yannick Bellon a tourné ces images à la fin des années 40 pour son film «Goémons », qu'on rangerait maintenant dans la catégorie "docu-fiction" : un très beau film, scénarisé, très "engagé" dans la mise en évidence de la dureté des conditions de vie des hommes, sur l'île de Béniguet, un peu en marge du monde. En 2023, nous ne nous sommes pas dans la même situation. Alors qu'en 1946, les conditions dures de cette population qui "trime pour trois fois rien" sont une réalité du moment, plus de soixante-quinze ans plus tard, ce n'est plus le cas, du moins en Bretagne. Quand on regarde maintenant ces images, on est dans un autre rapport, plus distancié et "esthétique" et peut-être moins social. Aujourd'hui, on y voit de "belles images" et un passé de labeurs, tout aussi fascinants l'un que l'autre. A l'époque, Yannick Bellon voyait un présent révoltant, aujourd'hui ces images entrent dans un patrimoine fondamental de la région. Sans ignorer la dureté des conditions, on est forcément dans un rapport décalé à ces images. La musique reflétera ce regard différent : ce ne sera pas la musique de la révolte, ce sera celle de l'espace ouvert, de l'air et du vent, du mouvement de la mer sur les galets, tout en étant celle de la fatigue des corps, du destin bloqué, de l'usure de l'homme aux prises avec la dureté de la vie et de la nature. Ce double éclairage est fondamental. Une écriture musicale qui ne prendrait en compte qu'un seul aspect de ces images (une musique neutre et décorative ou une musique pesamment dramatique) perdrait sa cohérence par rapport à la richesse de "En marge de Goëmons". Christofer BJURSTRÖM
Numéro de licence : PLATESV-R-2022-000675 / PLATESV-R-2022-000676